« Un joueur d’échecs, c’est
comme un boxeur qui veut être champion du monde : ça doit s’entraîner
comme un cheval ! »
Tous les jours, vous vous lèverez à 6h et vous vous coucherez à 21h. Au
sortir du lit, vous prendrez un œuf crû, sans défaire le jaune, dans un
demi-verre de Xérès. Si vous n’avez pas de Xérès, achetez-en.
Tout de suite après, pour vous mettre dans le bain, vous jouerez une
partie longue contre l’ordinateur et à l’issue de celle-ci, grâce à votre
mémoire phénoménale, vous noterez soigneusement par écrit vos coups et ceux de
l’ordinateur afin de les étudier plus tard.
Puis, vous ferez une promenade de trois kilomètres avant le déjeuner.
Les promenades au pas doivent être entremêlées de petites échappées de deux
cent mètres environ à toute vitesse (pour le souffle) afin d’amener une suée
que la personne qui vous accompagne (famille, ami, coach, etc.) sèchera
immédiatement en vous frottant avec un tissu absorbant et qui ne peluche pas.
Après une toilette bien méritée et un repas simple mais frugal, vous
devez vous livrer en début d’après-midi (jusqu’à 15h environ) à quelques
exercices modérés (problèmes positionnels, résolutions de mat, déroulement de
parties à rebours, composition échiquéenne, etc.) pour mettre vos sens en éveil
et votre mémoire en ébullition.
Vous enchaînerez en choisissant une personne de votre niveau et jouerez
avec elle quelques parties à la pendule pour vérifier vos ouvertures. Dans tous
les cas, votre jeu doit être volontaire et net, votre style ouvert, original et
épuré. Ne cherchez jamais à faire sensation aux échecs, le plaisir viendra bien
assez vite sans même que vous vous en rendiez compte. Rappelez-vous que vos
lignes doivent être fluides, c’est primordial. Lorsque vous jouez aux échecs,
vous devez sentir une certaine densité autour de vous.
À la suite de quoi, enfermé dans votre bureau du milieu de l’après-midi
jusqu’à l’heure du diner, vous reverrez les parties qui vous ont le plus plu en
terme de stratégie et mettrez de l’ordre dans vos idées avant de vous pencher
trois quarts d’heure environ sur l’Histoire Mondiale des Echecs : un bon
joueur d’échecs sait d’où il vient et où il va, le passé nourrit le présent qui
nourrit lui-même l’avenir sans le savoir.
Dans le jeu, fuyez toute forme de satisfactions, ce ne sont que d’horribles
contrefaçons qui empêchent de progresser sérieusement. Pendant toute la période
de préparation d’une compétition, vous ne devez vous intéresser qu’aux parties
franches et qui ont laissé des traces sur l’échiquier. Il faut éviter à tout
prix le parasitage et les commentaires inutiles.
Enfin, pour vous détendre, lisez des romans de science-fiction ou
écoutez de la musique à un volume raisonnable. Si cela est possible encore,
occasionnez-vous également de petites marches en forêt ou au bord de la mer.
Laissez la Nature faire son boulot, elle sait ce qui est bon pour vous.
Très important : pour ce qui est de l’alimentation, les spiritueux,
le lait, les soupes, les viandes grasses, les ragoûts et les aliments épicés
sont rigoureusement prohibés. Des repas légers et équilibrés (sucres lents)
seront privilégiés tout au long de l’exercice.
Attention, pas plus de deux
cafés (matin et après-midi) dans la journée. Vous ne devez évidemment pas fumer
ni entrer dans les endroits où l’on fume.(BY Pr. J.R. Wilcock, Rogers City, Arkansas, USA)